Hors série N°1 Les Millevaches par Guilhem du 5 au 8 déc 2013
CR des Millevaches par
Guilhem du 5 au 8 déc 2013
Introduction
Les Millevaches sont une vieille concentration hivernale qui a vu le jour en 1969 pour disparaître en 1979 avant de renaître en 2009. Comme je n’étais pas né pour la première série d’éditions, je ne parlerai que des nouvelles. Je suis allé là-bas dès la première réédition pour ensuite ne pas manquer le rendez-vous chaque année. J’y vais avec mon beau-frère que j’ai entraîné là-dedans un peu sceptique la première fois mais qui était prêt à repartir dès le lendemain.
Les Millevaches c’est l’occasion de voir un exemplaire de chaque moto vendue dans les 50 dernières années, mieux que tous les salons parisiens réunis. Et en plus on a les motards qui vont avec ! Là-haut on campe dans un champ, on fait du feu (le bois est fourni), on boit, on mange et on fait des rencontres.
Cette année, il y avait deux concentrations se revendiquant des Millevaches. Il s’agit d’une querelle entre des personnes de l’organisation, je ne m’étend pas sur le sujet, j’ai choisi d’aller sur le lieu que je connaissais car l’ambiance m’y convient parfaitement. J’ai appris que certains ont même fait le choix de se rendre aux deux rassemblements pour deux fois plus de plaisir !
C’est parti pour l’édition 2013, direction Meymac pour l’inscription puis Millevaches pour le campement.
Jeudi 5 décembre
C’est la veille du départ : la machine est chargée, tout est arrimé et dans des sacs étanches, il ne manque plus que les victuailles qui attendent au frigo. La bécane a été révisée, la chaine graissée et tendue, les pneus gonflés et le réservoir est plein à ras bord. Les trois couches de vêtements à enfiler demain matin sont aussi soigneusement préparées.
Vendredi 6 décembre
C’est le jour du départ, mais pas directement aux Millevaches, car je vais rejoindre mon compagnon de route chez lui dans le Gâtinais, à Chailly-en-Gâtinais plus précisément, vu qu’il n’a pu prendre une journée de repos pour partir aux Millevaches dès le vendredi.
Le voyage se passe sans encombre, quoiqu’un peu monotone quand on est seul sur la route, donc la pause déjeuner est expédiée en quinze minutes chrono. Avec un bon thé bien chaud tout de même, grâce au thermos.
Un premier bilan une fois arrivé : mon équipement tient bien chaud et les poignées chauffantes acquises en cours d’années apportent un grand confort supplémentaire. Je les ai achetées suite aux Millevaches 2012 où j’ai cru perdre mon petit doigt gauche.
Samedi 7 décembre
C’est le vrai départ ce coup-ci : il est sept heures du matin, il fait beau et pas trop froid, les motos et les pilotes sont prêts, on peut y aller. On évitera juste de traverser la Sologne connue pour son abondant gibier car aux premières lueurs du jour, on a une chance sur deux de se prendre un animal dans les roues.
Avant de démarrer, une petite présentation de la bécane de mon beau-frère s’impose. C’est une BMW R100RS de 1977, dans son jus, et au fonctionnement qui m’étonnera toujours : les vis du carter d’huile qu’on peut tourner à mains nues sans qu’il y ait de fuite, une batterie partagée avec le tracteur-tondeuse pendant l’été, un phare toujours mal réglé en hauteur et pourtant elle est toujours vaillante et fait l’aller-retour sans flancher.
Direction Bourges pour commencer : la route est droite et parfois un peu monotone mais quand le jour se lève complètement, la forêt nous dévoile ses couleurs de fin d’automne. Et aussi une belle biche qui attendait pour traverser mais a fait demi-tour en nous voyant (ou nous entendant).
Une fois passée Bourges, on vise Saint-Amant-Montrond pour y faire une petite pause et prendre de l’essence. Le temps est au beau fixe mais la température est devenue négative et la route glissante surtout à la station-service. C’est à présent à moi de prendre la tête de notre petit convoi. La BMW fait un caprice : depuis le départ, son voltmètre indique une faible charge du circuit électrique ce qui n’augure rien de bon pour les prochains redémarrages. La décision est prise de n’utiliser temporairement que le feu de position.
Quelques kilomètres plus loin, alors que nous empruntons la vallée de la Marmande, un épais brouillard givrant nous entoure. Heureusement que mon gant gauche est équipé d’une petite raclette sur le pouce pour enlever la croûte de glace qui se forme et se reforme en trente secondes chrono. Trente, c’est justement le nombre de kilomètres que dureront ces conditions, avant de tourner vers l’ouest sur la N145 à hauteur de Montluçon.
Nous continuons la N145, une quatre voies sans grand intérêt, jusqu’à Gouzon où nous retrouvons de sympathiques petites routes sous le soleil. Nous passons par Chénérailles, Aubusson puis Felletin avant d’entamer la montée vers le fameux plateau de Millevaches. Nous sommes suivis par deux side-cars qui ne parviennent pas à nous doubler grâce à nos talents de pilotes. Ou bien ils n’avaient pas envie de le faire ou pas la place suffisante, je ne le saurai jamais. Une fois en haut, nous découvrons avec plaisir de grandes étendues recouvertes de neige : ce sera une vraie hivernale. Nous passons à proximité du campement mais il faut d’abord descendre sur Meymac pour récupérer notre badge d’inscrit et le petit kit de bienvenue.
Une fois les formalités administratives remplies, nous allons faire le plein, acheter du pain frais, puis direction le bivouac, but ultime du voyage. Arrivé là-haut, un petit point de contrôle pour montrer qu’on a bien notre badge puis il faut se chercher un emplacement où garer les motos, planter la tente tout en se laissant un peu de place pour faire du feu.
Le feu est justement la première préoccupation après avoir planté la tente et posé les deux sièges pliants : il faut aller récupérer du bois rapidement avant qu’il n’y en ait plus (ou bien seulement des morceaux de cinquante kilos ou un mètre de long). Le problème c’est que beaucoup de monde arrive dès le vendredi soir, donc les meilleurs morceaux sont déjà partis en fumée. Heureusement on a pu trouver des gens sympas et bien outillés qui nous ont prêté une hache pour fendre les grosses bûches. Après deux bonnes heures de travail entrecoupées d’un ou deux tours à la buvette (un euro la boisson), le feu est enfin allumé. Ouf, on peut aller faire un tour pour voir les belles bécanes des autres ! Et passer à la buvette également.
Ensuite la soirée se déroule en alternant grillades au feu de bois, petit tour à la buvette, rencontre avec d’autres motards qui s’arrêtent à notre feu ou qui nous invitent à passer prendre un verre à leur campement. C’est l’occasion d’échanger sur différents sujets : la bécane bien sûr, la vie en général et nos motivations à être réunis aux Millevaches. Sur ce point, il y a rarement de grands débats car nos motivations sont souvent les mêmes : le plaisir de rouler, quelle que soit la météo, puis de retrouver nos semblables et parler moto autour d’un feu un verre à la main.
23h – minuit : il est l’heure d’aller se coucher car il y a de la route le lendemain. Le plus difficile est de se résoudre à enlever son épaisse veste bien chaude, les bottes et le pantalon de cuir avant de se glisser dans le duvet. Une fois confortablement emmitouflé dans le sac de couchage, on peut se laisser bercer par les sons de la nuit et les chansons paillardes entonnées par les groupes alentours. Première année que j’entends quelques bruits de rupteur au loin, mais ça ne dure que cinq minutes, on n’est pas au Mans ici.
Dimanche 8 décembre
Après une deuxième partie de nuit un peu fraîche, mon sac de couchage n’est peut-être pas assez performant, il est 7h45 quand nous décidons de nous lever juste avant que le réveil ne soit sonné au clairon, certainement par le même gars que toutes les autres années mais je ne sais pas de qui il s’agit.
Une nouveauté cette année : la possibilité de prendre un croissant et un café sur le bivouac (avant il n’y avait que du café). Ca réchauffe et ça remplit l’estomac efficacement, car il y a quand même 450 km à faire pour rentrer. Ensuite il faut replier le matériel et charger les motos convenablement. On prend le temps de faire un dernier tour au milieu des motos histoire de voir des modèles rares qui nous auraient échappés la veille et de profiter de la belle luminosité du soleil levant sur un champ de neige (ça en jette).
Enfin il est l’heure de se mettre en route (9h45 environ) en commençant par prier pour que la vieille BMW démarre, ce qui fut fait très rapidement malgré les problèmes rencontrés la veille sur le circuit de charge.
Nous roulons à deux, doublant plusieurs groupes de courageux qui ont fait le déplacement en mobylette, pendant une soixantaine de kilomètres jusqu’à Chénérailles où nos routes se séparent, le beau-frère allant vers le nord et moi vers l’ouest. Pas question de couper le moteur pour se dire au revoir, on ne prend pas le risque de devoir redémarrer la BMW. Je file donc vers Guéret puis Poitiers par les nationales. J’ai retrouvé quelques motos lourdement chargées sur ma route, certainement d’autres aventuriers des Millevaches sur le retour, mais nos chemins divergeaient rapidement à chaque fois. Une toute petite pause de dix minutes pour faire le plein et manger quelques biscuits une fois passé Poitiers, et je repars en direction de Cholet puis de Nantes où j’arrive chez moi vers 15h15.
Conclusion
Encore une belle édition des Millevaches où il était possible de rencontrer de belles bécanes ainsi que des gens sympas venus partager de la nourriture, de la boisson (ça ne manque pas là-haut) et de bonnes anecdotes. Il ne me manque plus qu’une bouillote et une petite hache pour parfaire mon équipement.
Comme tous les ans, je compte bien y retourner l’année prochaine en espérant pouvoir emmener quelques-uns d’entre nous avec moi. Je maîtrise bien les routes pour y aller et en revenir à présent. A vos équipements hivernaux donc, vous avez un an pour les éprouver !